La Hiba au Maroc : transmettre son patrimoine avec stratégie et lucidité
Dans le cadre familial, la transmission du patrimoine est une étape à la fois émotionnelle, juridique et financière.
Au Maroc, un des outils les plus courants pour anticiper cette transmission est la Hiba — la donation à titre gratuit et irrévocable.
Souvent utilisée entre parents et enfants, la Hiba soulève des questions fondamentales :
Comment fonctionne-t-elle ?
Quelles sont ses conséquences juridiques et financières ?
Et surtout, comment éviter les pièges liés à l’indivision ou aux malentendus familiaux ?
Décryptage d’un instrument patrimonial puissant, mais qui demande rigueur et réflexion.
Qu’est-ce que la Hiba ?
La Hiba (الهبة), définie par la Moudawana (Code de la famille marocain), est un acte juridique par lequel une personne transfère, à titre gratuit et volontaire, la propriété d’un bien à une autre personne, sans contrepartie.
Elle se distingue d’une succession (qui prend effet au décès), car elle est réalisée de son vivant, avec une volonté claire de transmettre tout ou partie de ses biens à un héritier désigné.
Un acte juridique strictement encadré
Conditions de validité :
• Le consentement libre du donateur
• Sa capacité juridique
• L’acceptation du donataire (celui qui reçoit)
• La prise de possession réelle du bien (ex : enregistrement au nom du bénéficiaire)
Formalités obligatoires :
• L’acte de donation doit être authentifié par un notaire ou un adoul
• Il doit être inscrit au registre foncier si le bien est immobilier
L’irrévocabilité : un engagement définitif
L’une des caractéristiques majeures de la Hiba est son irrévocabilité.
Selon la Moudawana réformée, la donation entre parents et enfants, ou entre conjoints, ne peut pas être annulée une fois formalisée, sauf dans des cas exceptionnels très limités (fraude, abus manifeste, etc.).
C’est un point fondamental à comprendre : une fois le bien donné, le donateur perd son droit de propriété.
D’où l’importance de bien réfléchir avant de procéder à une Hiba, et d’être accompagné pour mesurer toutes les implications. Vous pouvez consulter notre page dédiée sur la transmission de patrimoine.
La Hiba avec réserve d’usufruit : donner sans se déposséder totalement
Il est courant qu’un parent souhaite faire une Hiba à son enfant tout en gardant la jouissance du bien.
C’est possible grâce au mécanisme dit de :
• Donation de la nue-propriété au bénéficiaire
• Réserve de l’usufruit au donateur
Concrètement, l’enfant est propriétaire du bien (sur le papier), mais le parent peut continuer à y vivre ou percevoir les loyers.
Cette solution paraît idéale… mais elle crée une situation d’indivision, avec ses avantages et ses limites.
L’indivision : une source potentielle de tension
Le bien se retrouve alors partagé juridiquement entre deux personnes :
• Le parent (usufruitier)
• L’enfant (nu-propriétaire)
Ce montage peut fonctionner en harmonie… jusqu’au jour où un désaccord apparaît.
Exemple classique :
L’enfant souhaite vendre sa part pour financer un projet, mais le parent refuse ou ne peut pas racheter la nue-propriété.
On entre alors dans un blocage.
Et c’est là que l’article 978 du Code des droits réels devient crucial :
“Nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision, et chacun des coindivisaires peut toujours provoquer le partage. Toute clause contraire est sans effet.”
En clair : même si le parent voulait maintenir la situation, l’enfant a le droit de demander le partage, voire la vente du bien.
D’où l’importance d’un conseil patrimonial expert pour anticiper ce type de situation familiale délicate.
Les coûts à anticiper lors d’une Hiba
Contrairement à une idée reçue, la Hiba engendre des frais non négligeables :
Taux de droits de mutation :
• 1,5 % de la valeur du bien donné (en ligne directe)
Autres frais à prévoir :
• 1 % de droits de conservation foncière + 150 MAD (frais fixes)
• Honoraires du notaire : en moyenne 1 % du bien (minimum 3 000 MAD + TVA)
• Frais divers et timbres : ~1 500 MAD
Le coût total peut donc dépasser 3 à 4 % de la valeur du bien.
Un point souvent sous-estimé, mais crucial à intégrer dans une stratégie patrimoniale efficace.
AGEPA : anticiper, conseiller, sécuriser
Dans ce contexte, le rôle d’un cabinet spécialisé en gestion de patrimoine comme AGEPA est essentiel.
AGEPA n’intervient pas à la place du notaire, mais aide les familles à :
• Analyser les conséquences fiscales, successorales et relationnelles d’une Hiba
• Choisir la forme de transmission la plus adaptée (pleine propriété, nue-propriété, répartition équitable entre enfants…)
• Anticiper les situations d’indivision et proposer des solutions de gestion
• Co-construire une stratégie patrimoniale sur mesure alignée avec les objectifs et contraintes de chaque client
AGEPA est un allié de confiance, à vos côtés pour sécuriser vos décisions et protéger l’harmonie familiale, aujourd’hui comme demain.
Conclusion
La Hiba est un outil juridique puissant, qui permet de transmettre son patrimoine de manière volontaire, organisée et (en principe) irrévocable.
Mais comme tout outil fort, elle demande réflexion, préparation et conseil.
AGEPA vous accompagne pour faire de cette transmission un acte serein, juste et adapté à votre situation personnelle.
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